Pourquoi passer de l’inclusion à l’inclusivité ?

Ecrit par Belina Missiroli

Intégration, inclusion, inclusivité, autant de notions qu’il est parfois difficile de définir.

Cet article, écrit par Eric Dugas, professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Bordeaux, fait le point sur ces différents termes et met en lumière les enjeux sociaux qui les sous-tendent.

Nous vous invitons à découvrir cet article, matière à réflexion et à débat !

Accessibilité des produits et services numériques en bibliothèque : où en sommes-nous ?

Ecrit par Hélène Kudzia

Le 28 juin 2025 est entré en vigueur l’Acte Européen d’Accessibilité. Il impose de nouvelles règles d’accessibilité pour les personnes handicapées sur les produits et services.

À cette occasion nous proposons ici une synthèse des réglementations en vigueur sur les produits et services numériques en bibliothèque.

1. Les sites internet et portails de bibliothèque

Les sites internet de tous les établissements publiques en France doivent être conformes au Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA). La version actuelle est le RGAA4.1.2. Cette obligation s’impose aux portails des bibliothèques ainsi qu’aux sites des collectivités territoriales et des universités. Cette obligation vaut également pour les documents bureautiques téléchargeables.

À compter du 1er janvier 2024 l’ARCOM est désigné comme étant l’autorité de contrôle pour l’ensemble des services numériques du secteur public.

Ainsi tous les sites internet des bibliothèques doivent afficher :

  • sur la page d’accueil la mention de la conformité au RGAA, en général dans le pied de page : « Accessibilité : non conforme / partiellement conforme / conforme ».
  • une page comportant la déclaration d’accessibilité : elle est obligatoire, même s’il n’y a pas eu d’audit. Elle doit faire référence à l’audit qui a établi le niveau de conformité au RGAA ; cet audit ne peut être antérieur à 3 ans. Si aucun audit n’a été réalisé, la déclaration doit indiquer dans quel délai ce sera fait.
  • un Schéma Pluriannuel d’Accessibilité Numérique (SPAN) qui présente la politique d’accessibilité sur une période de 3 ans.

2. Les livres numériques

L’Acte Européen d’Accessibilité entré en vigueur le 28 juin 2025 prévoit que :

  • tous les livres numériques commercialisés à partir de cette date doivent être nativement accessibles ; certains contenus peuvent cependant y déroger dans des conditions très précises ;
  • les livres numériques édités précédemment ont 5 ans pour se mettre en conformité, sans quoi ils ne pourront plus être commercialisés.
  • les éditeurs réalisant un chiffre d’affaire inférieur à 2 millions d’euros ne sont pas tenus de produire des titres numériques nativement accessibles.

3. Liseuses, tablettes et ordinateurs

Les matériels achetés après le 28 juin 2025 doivent proposer des options d’accessibilité.

4. Ne sont pas couverts par les obligations en vigueur :

  • les ressources numériques
  • les automates de prêt

Néanmoins nous rappelons que ne pas offrir les mêmes services à tous ses usagers est discriminant.

Salon du livre et de la presse jeunesse et accessibilité

Ecrit par Hélène Kudzia

Le salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ) de Montreuil fait une place de plus en plus grande aux questions d’accessibilité.

Si la question de l’accès à l’écrit pour des publics empêchés est prise en compte depuis plusieurs années au SLPJ, celui-ci porte aujourd’hui un intérêt croissant à d’autres aspects liés à l’accessibilité. Toutes les informations, tant pour le grand public que pour les professionnels, sont rassemblées sur la page accessibilité du site internet.

On a noté l’an passé une première expérience pour offrir des contenus accessibles aux visiteurs aveugles et malvoyants avec la possibilité de découvrir l’exposition Albertine avec une audiodescriptrice. Pour l’édition 2024 (du 27 novembre au 2 décembre), notre attention a été attirée par des lectures en duo avec LSF et l’exposition sensorielle « Atout sens ».

Le champ des rencontres professionnelles s’élargit également, en lien avec notamment l’Alliance pour la lecture et la FILL et sur de nouvelles thématiques : lecture pour les publics placés sous main de justice, liens avec les établissements de santé et médico-sociaux.

Notons également que le SLPJ a amélioré l’accessibilité de son site internet.

Handicap : pourquoi les mises en situation posent problèmes ?

Depuis plusieurs années, les collègues de la commission Accessibib, puis AccessibilitéS, s’interrogent
et échangent au sujet de la question des mises en situation régulièrement proposées dans les
programmes de formation ou même dans les programmations d’animations dédiées à l’accessibilité
en médiathèque. Mettre un bandeau pour comprendre la cécité, des lunettes brouillant la vue pour
comprendre la déficience visuelle, s’asseoir dans un fauteuil ou mettre un casque pour ne rien
entendre…
Après avoir abordé brièvement cette question lors de la table ronde du congrès 2022, il nous semble important aujourd’hui de relayer plusieurs articles alimentant cette réflexion et cette remise en question.

A travers ces articles, on peut s’interroger sur la manière dont ces mises en situations contribuent à
maintenir un statu-quo et à ne pas s’attaquer aux vraies problématiques, aux vraies solutions
possibles et aux vraies évolutions nécessaires.

https://wiki.lalutineduweb.fr/handicap/mises-en-situation/
https://clhee.org/2018/05/28/depolitisation-et-regard-valido-centre-les-mises-en-situation/
https://access42.net/simulation-handicap-avis-personnes-handicapees/

Journées d’étude à venir « Lecture et handicap »

Trois journées d’étude sont à venir pour la fin de l’année sur les questions d’accessibilité :

  • Le 19 octobre, La Bibliothèque du Calvados et Normandie Livre & Lecture organise un panorama de l’accessibilité numérique en bibliothèque. Toutes les informations sont ici.

  • Le 20 octobre, l’ENSSIB avec la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France propose une journée d’étude « ALL INCLUSIVE : Accès au Livre et à la Lecture inclusive ». Elle sera en présentiel et en direct sur youtube. Vous pouvez retrouver toutes les informations ici.

  • Le 28 novembre, la BPI en partenariat avec l’ABF propose une journée « Quelles médiations en bibliothèque pour les publics en situation de handicap ? ». Elle sera en présentiel et également en direct sur le site de la BPI. Vous pouvez retrouver toutes les informations ici.

Théâtre et handicap : organiser un atelier de sensibilisation sur les handicaps invisibles
en bibliothèque universitaire

Le nombre d’étudiants en situation de handicap augmente chaque année. Pourtant, cela ne se voit pas forcément. Comme pour l’ensemble de la population, la grande majorité de ces handicaps sont, en effet, invisibles. De quoi parle-t-on exactement ? Que signifie « invisible » ? Comment cela se manifeste-t-il au quotidien ? Et comment, en tant que professionnels universitaires, accompagner au mieux ces étudiants ?

Pour aborder ces questions, les bibliothèques universitaires de Grenoble ont obtenu un financement IDEX pour porter un projet de sensibilisation aux handicaps, inscrit dans les actions du Schéma directeur de la vie étudiante.

Porté par la mission Accessibilité des bibliothèques, ce projet comporte un volet documentaire, avec l’acquisition de nombreux documents de sensibilisation (bandes dessinées, romans, ouvrages universitaires et professionnels…) et un volet formation-action culturelle sur les handicaps invisibles à destination du personnel universitaire. L’enjeu était pluriel : contribuer à la sensibilisation du public par un choix de documents variés balayant aussi largement que possible la question de la maladie et du handicap, valoriser la bibliothèque comme centre de ressources sur ces questions pour le personnel universitaire, les étudiants et au-delà avec la mise à disposition de bibliographies thématiques, et enfin proposer une forme artistique pour éveiller les consciences et ouvrir le débat. La meilleure des façons pour approcher ces questions est, en effet, de faire un pas de côté pour, précisément, apprendre à questionner « l’invisibilité », mieux « voir » et mieux agir.

Mardi 21 juin après-midi, un spectacle inédit a ainsi été proposé au personnel universitaire pour se former à ces questions : Chronique(s), de Marie Astier. Docteure en Arts du spectacle, spécialiste du handicap, comédienne et formatrice, elle signe un texte très fort, drôle et sensible : une plongée dans ses souvenirs qui nous raconte comment sa maladie invisible a transformé de l’intérieur son enfance et son adolescence. Le spectacle a été suivi d’un temps d’échange avec le public, alimenté par les interventions de la chargée d’accessibilité au Service accueil handicap de l’Université Grenoble-Alpes, et la responsable de la mission Accessibilité des Bibliothèques universitaires.

Pour accompagner cet événement, une bibliographie a été préparée sur les maladies chroniques (hors troubles psychiques) qui vous propose une sélection de documents disponibles dans les Bibliothèques universitaires de Grenoble.

D’autres bibliographies thématiques suivront sur les troubles psychiques, la surdité, les troubles dys et l’autisme.

Ce projet a constitué un moment fort de sensibilisation, à la fois en interne dans les bibliothèques par la collaboration entre les différents services concernés, et au sein de l’université, avec des partenaires de différentes directions (Service accueil handicap, Direction de la culture, Direction de l’environnement social…) et la diversité du personnel touché (enseignants-chercheurs, personnel administratif, personnel des bibliothèques…). Un exemple qui rappelle à quel point œuvrer pour l’accessibilité, c’est aussi créer du lien.

Rencontre avec Marie Astier, autrice et comédienne de Chronique(s), par Bélinda Missiroli, responsable de la mission Accessibilité des Bibliothèques universitaires de Grenoble.

  • Pourrais-tu te présenter brièvement ?

La question de la présentation de soi est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît. Nous y consacrons justement tout le début du spectacle : comment se présenter ? que (ne pas) dire de soi ? dans quel ordre ? Mais bon, je vais essayer quand même ! Je m’appelle Marie Astier, je suis artiste et chercheuse en Arts du spectacle et je m’intéresse particulièrement au(x) handicap(s), sans doute parce que moi-même je vis avec une maladie chronique.

Côté théorie en 2018 j’ai soutenu une thèse intitulée « présence et représentation du handicap mental sur la scène contemporaine française » que j’ai réalisée sous la direction de Muriel Plana à l’Université Toulouse Jean Jaurès. Côté pratique en 2013 j’ai fondé la Compagnie En Carton, qui défend la vulnérabilité comme une valeur esthétique et politique et avec laquelle j’ai créé plusieurs spectacles dont HOSTO en 2015, Hors de moi en 2019 et Chronique(s), sur lequel je travaille actuellement.

  • Comment est né le projet de spectacle Chronique(s) ?

J’ai eu envie de travailler sur Chronique(s) après l’expérience Hors de moi, adapté du livre de Claire Marin. L’auteure y raconte comment, à 20 ans, elle a découvert qu’elle était atteinte d’une maladie auto-immune.

Lire Hors de moi a été une expérience bouleversante. J’avais l’impression que Claire avait réussi à exprimer des émotions et des sentiments que j’avais ressenti, sans parvenir à les exprimer. L’autre chose qui m’a plu c’est que loin du vocabulaire martial habituellement mobilisé pour parler de la maladie, Claire Marin emploie la métaphore de l’amant possessif. Ça été pour moi un vrai déclic. Pourquoi vouloir se battre contre une maladie qu’on ne sait pas guérir ? Il faut apprendre à vivre avec. Mais comment vivre avec la maladie sans lui céder toute la place, dans sa tête et dans son corps ? Ce corps malade, médicalisé, est-il encore intime ? Ce corps différent est-il sexuel ? La maladie n’est-elle pas une excuse pour pleurer d’autres douleurs ? Finalement, n’est-ce pas moi qui me définis avant tout comme une personne malade ? Très vite, j’ai eu envie de partager mes découvertes et mes questionnements avec d’autres, car en France nous sommes plus de 20 millions à vivre avec une maladie chronique. C’est aussi un véritable défi de comédienne que je me lançais : comment incarner ces mots si puissants pour qu’ils touchent le public autant qu’ils m’avaient touchée ?

Mais compte tenu de la complexité du texte (essai philosophique) et de la théâtralité adoptée (moments de nudité partielle), Hors de moi s’adresse en priorité à des spectateurs et spectatrices de plus de 15 ans.

Avec Chronique(s), j’ai envie de parler (aussi) aux jeunes, de leur transmettre mon expérience parce que je sais, que quand j’étais enfant et ado j’aurais bien voulu voir un spectacle qui me parle, qui me raconte. Pour me sentir moins seule et moins anormale.

Avec la complicité d’Ulysse Caillon, j’ai donc plongé dans mes souvenirs personnels – et dans les archives familiales – pour raconter au public comment ma maladie invisible et omniprésente a transformé de l’intérieur mon enfance et mon adolescence.

  • Le spectacle que tu as joué à l’Université Grenoble Alpes s’inscrivait dans le cadre d’un atelier de sensibilisation aux handicaps invisibles, et était suivi d’un temps d’échange avec le public. Qu’est-ce que cela représente pour toi ? Comment vis-tu ces moments ?

Ces temps d’échange sont très importants pour moi car un des enjeux du spectacle est de créer du dialogue : entre la scène et la salle (comme on dit !) mais aussi entre les spectateurs/trices. Enfant puis adolescente, j’aurais bien aimé qu’un spectacle me fournisse l’occasion de parler avec mes camarades, mes professeurs, mes parents, mes médecins… de ma vie quotidienne avec la maladie.

Et, en ce début de création, ces temps d’échange me rassurent car même si je parle de choses très intimes et personnelles, beaucoup de spectateurs et spectatrices viennent me dire que Chronique(s) leur a parlé voire qu’elles avaient l’impression qu’il racontait leur histoire !

Quelques témoignages du public à l’issue de la représentation :

« Ce spectacle sur les handicaps invisibles m’a fortement impressionnée ! J’ai tout d’abord été très émue et me suis retenue de pleurer à plusieurs reprises. La sobriété de la mise en scène faisait un contraste avec la force émotionnelle qui se dégageait du spectacle. J’ai vraiment aimé la mise en scène, le jeu des deux acteurs, et bien entendu la façon de traiter un thème difficile, en mélangeant humour et sérieux. »

« J’ai beaucoup aimé le spectacle de cet après-midi, c’était touchant, drôle, interpellant … c’est vraiment bien qu’il y ait ce genre de propositions, pour le personnel ou plus largement, bravo ! »

« Merci beaucoup pour cet atelier très riche, à la fois touchant, grave et bourré d’humour. C’est profond et ça ouvre énormément de questions. Les échanges à la fin étaient particulièrement instructifs. »


Journées d’échanges de Réseau Carel sur l’accessibilité des ressources numériques – 11 octobre 2022 – Paris

L’accessibilité numérique des services publics, inscrite dans la loi du 11 février 2005 (art. 47), est une obligation à laquelle l’ensemble des bibliothèques de lecture publique doivent répondre. Le troisième « baromètre de l’accessibilité numérique en lecture publique » initié par la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC, Service du livre et de la lecture) concluait en 2019 à la nécessité de travailler à l’accessibilité numérique des ressources afin que l’utilisateur en situation de handicap soit en mesure de les consulter. Alors où en sommes-nous en 2022 ?

Cette journée proposera un état des lieux de l’accessibilité des ressources numériques et des pistes pour progresser encore. Elle se déroulera en présentiel à la médiathèque Marguerite Duras (Paris) mardi 11 octobre 2022.

Programme prévisionnel

9h30 : Accueil

9h45 : Ouverture de la journée d’étude

10h : Les cadres juridiques de l’accessibilité numérique

Ministère de la Culture, Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles, Service du Livre et de la Lecture.

10h15 : Le baromètre de l’accessibilité numérique

Premiers résultats de la 4ème édition du baromètre.

Démarches accessibilités des bibliothèques : cahier des charges, recommandations pour le contrôle de l’accessibilité.

Oceane consulting et Com’Access,

Ministère de la Culture, Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles, Service du Livre et de la Lecture.

11h15 : Le cadre technique : PNB.

EDRlab, Dillicom (pour Baobab), De Marque (pour Aldico).

12h30 : Déjeuner libre

14h – 17h : Retours d’expériences de bibliothèques territoriales.

Lieu

Auditorium de la médiathèque Marguerite Duras 115 rue de Bagnolet 75020 Paris


Pour s’inscrire : https://pro.bpi.fr/journees-dechanges-et-de-presentation-sur-laccessibilite-des-ressources-numeriques-11-octobre-2022-paris/

Mobilier Facile à lire à tester

Designeuse basée à Rennes, Laure Guillou vient de concevoir un mobilier « facile à lire » à partir d’éléments de mobiliers existants chez un fabricant de meubles très connu. Son but est de permettre à toutes les médiathèques de construire facilement leur propre meuble FAL en 2h, avec peu d’outils et une enveloppe financière restreinte. Laure souhaite créer une notice de montage et la proposer en creative
commons (en libre accès).

Aujourd’hui, la designeuse bretonne est à la recherche d’une bibliothèque qui accepterait d’accueillir le premier prototype, afin de pouvoir observer sa fiabilité et son usage, auprès des bibliothécaires comme du public et d’en modifier la conception si nécessaire.

Pour découvrir le prototype, sur Instagram

Pour contacter Laure GUILLOU : laure@unpoissonpilote.fr

Comité Facile à lire interrégional

Bibliopass, en partenariat avec l’association Li(b)re, et avec le  soutien de la FILL (Fédération interrégionale du Livre et de la  Lecture), et de l’ABF, membres du comité de pilotage national du  Facile à lire, organisent un nouveau comité Facile à lire interrégional  et francophone le mardi 4 octobre de 14h30 à 16h30. Il aura pour  thème : Médiations autour du FAL : pour qui, par qui, comment  faites-vous ? 

Il aura lieu via la plateforme Zoom. 

Infos : https://facilealirefrance.wordpress.com 

Inscriptions : contact@bibliopass.fr 

  • Bibliopass est un organisme de formation et d’accompagnement des bibliothèques vers l’accessibilité, créé et  dirigé par Françoise Sarnowski depuis 2011 
  • Li(b)re est une association créée en Bretagne en 2022. Elle est animée entre autres par Christine Loquet,  bibliothécaire indépendante (Face Publics), Hélène Fouéré, directrice de la Médiathèque de Landerneau et Lucie Beauchamps, bibliothécaire à la Médiathèque de Lorient.