Depuis le début du confinement , les bibliothèques et bibliothécaires de France rivalisent de créativité et d’imagination pour faire vivre leurs services autrement et développer ce qui est accessible à distance. Heures du conte, vidéos, playlist, projets participatifs….
Les offres à distance foisonnent entre visites virtuelles de musées, opéras, cinéma en ligne, ressources d’autoformation. Comme le montre l’enquête initiée par le ministère de la Culture, les ressources numériques connaissent un plein essor en cette période particulière.
Qu’en est-il en milieu pénitentiaire, où toutes ces ressources sont inaccessibles , où l’accès « à distance » est impossible et où, en raison des contraintes sanitaires, les activités culturelles sont toutes stoppées, de même que les moments qui rythment habituellement le quotidien des détenus et assurent le lien avec l’extérieur (cours, parloirs etc.) ?
Nous avons relevé déjà de belles initiatives :
- à la maison d’arrêt de Nantes, une bibliothèque ambulante est en place, et des outils ont été développés depuis l’extérieur par l’équipe des coordinatrices culturelles ;
- Dans le Sud Ouest des coordinateurs culturels ont souhaité maintenir le lien avec les personnes détenues et la détention en créant une Gazette culturelle qui propose des petits articles culturels et humoristiques : actualité/ philosophie/ recette/ idée d’émission radio ou télé à écouter… Elle est distribuée toutes les semaines aux personnes détenues du CP de Bordeaux-Gradignan et bientôt dans d’autres établissements.
- l’émission « Déconfinés : lire pour s’en sortir » destinée aux personnes détenues, est diffusée chaque vendredi soir sur La Chaîne Parlementaire ;
- dans d’autres prisons, l’auxi bibliothécaire passe de cellule en cellule avec le catalogue papier de la bibliothèque, et ainsi répondre aux premières demandes de lectures des détenus ;
- dans l’ouest encore, des émissions et autres contenus sur le livre sont proposés depuis l’extérieur, et passent sur les télévisions via les canaux vidéo internes ;
- dans plusieurs établissements, des rendez-vous individuels à la bibliothèque sont proposés, en présence si possible de l’auxi-bibliothécaire en poste ;
- parfois un chariot de livres sélectionnés passe de cellule en cellule, et permet de répondre aux premières demandes de lecture des détenus.
Ce qu’on pourrait imaginer ou envisager encore :
De la lecture à voix haute, à partir de textes sélectionnés, correspondant aux souhaits des détenus et à la situation de confinement, à offrir aux personnes détenues via les canaux vidéo internes ;
Des prêts de liseuses en nombre avec des textes récents (et tant pis pour la connectivité des liseuses, en cette période particulière on peut bien faire une croix sur quelques règles drastiques de sécurité).
Et enfin quelques recommandations qui s’imposent :
Pour mettre en place une offre de lecture, même au minimum, nous préconisons :
- un auxi-bibliothécaire en activité, pour accompagner l’offre de lecture,
- des prêts en nombre suffisant ou des durées de prêt allongées,
- au retour des livres, une « désinfection » systématique de tous les livres ; même si la désinfection n’est habituellement pas possible en détention, la situation actuelle l’impose.
Comme nous, les détenus sont « confinés ». Encore plus que nous, ils n’ont à accès à rien (en dehors de la télévision). Ne les oublions pas, et profitons pourquoi pas de cette période pour innover, et proposer une offre de lecture attractive et différente !
Si vous aussi avez développé une offre de lecture particulière en détention, n’hésitez pas à nous en faire part, elle pourra compléter cette liste (qui n’est pas exhaustive) : accessibilites@abf.asso.fr